18. Enfance

Une diversion. Et vite.
Je détournai la conversation, pour mieux y revenir plus tard.

- Vous êtes au courant qu'une patinoire va ouvrir à Bordeaux ?

Partir à Paris pour rencontrer de nouveaux gens et croiser le cousin d'Hanoko. Magnifique.

- Oh, j'adore cette chanson ! Nola, vous m'accordez une danse ?
Je jettai ma serviette sur la table.
- Ca ne t'embête pas, chéri ? dis-je en me levant.
- Non, bien sûr, répondit-il alors qu'il pensait exactement le contraire.
L'art de l'ironie ...

Isao prit mon bras et m'entraîna sur la piste de danse.
- Est-ce un hasard que vous aimiez les slows ?
- Cessez un peu d'être parano.
- Je viens d'apprendre que vous êtes le cousin de cette ... d'Hanoko. Je dois faire quoi, sourire et dire oh, que le monde est petit ?
- Comment trouvez-vous Marina ?
- Exactement le genre de fille qu'il vous faut. Ne changez pas de sujet.
- D'accord ... Hanoko m'a téléphoné la semaine dernière pour bavarder. J'ai appris quelques petites choses intéressantes, entre autres les déboires d'une certaine Nola Gray. Vous imaginez que j'ai facilement fait le rapprochement.
- Merci.
- La chanson va s'achever. Je pense que je n'aurais pas droit à une autre ?
- Le mec qui est assit là-bas n'apprécierait pas. Et je n'aime pas le laisser seul avec votre amie.
- La tentation est trop grande ?
- Il a tendance a emmagaziner la connerie.
- Marina a de la conversation.
- Parce que vous parlez de temps en temps ?
- La galanterie m'interdit de vous emmerder. Alors je ne m'abaisserai pas à répondre à cette question.
- J'apprécie cette soirée.
- Pas autant que votre compagnon.
- Il sait serrer les dents. Le suppositoire passera.
- Et vous le battez ?
Je levai les yeux au ciel.
- Retournons nous asseoir.

Il me tira la chaise et je souris à Alex.
- Voilà longtemps que tu ne me l'avais pas fait, ce coup-là, lui glissai en me baissant pour ramasser ma serviette.
- La galanterie, c'est pour les midinettes. Je savais pas que ça marchait encore pour les trentenaires.
- Garçon ! Encore un peu de vin.
- C'est toi qui conduis, chérie.
- On pourra vous ramener.
- Ca ira, répondit froidement Alex.
- Je voulais simplement aider.
- Merci, on sait se débrouiller seuls. Vous faites quoi dans la vie ?
- Je suis conservateur du Louvre. Fan de Da Vinci Code ?
- Je préfère lire du Platon, Socrate et ce genre de livres.
- Ne l'écoutez pas, il essaie péniblement de dépasser le niveau Boule & Bill.
- Je n'en dirai pas autant de toi, chérie. Avec Barbie mag ...
- Et vous, Marina ?
- Eh bien, c'est compliqué ... Actuellement, je fais les castings, mais les metteurs en scène ne se rendent pas compte de ce qu'ils ...
Evitent ?
- ... manquent. J'ai failli être sélectionnée pour le film à trois oscars actuellement à l'affiche.
Blonde, avec un rire d'hypocrite, des talons hauts et des dents parfaites. Qui plus est narcissique.
- Les grands crus deviennent meilleurs avec l'âge.
- La veillesse est la pire ennemie des comédiennes. Après un certain âge, des portes se ferment.
- Vous pourrez avoir recourt à la chirurgie esthétique.
- Botox, lifting ... Vous devez vous y connaître, non ?
- Pardon ?
- Ouvrez votre fenêtre une heure par jour, vous vous rendrez compte qu'il y a beaucoup de femmes mille fois moins belles que vous, mais qui ont des capacités intellectuelles supérieures à celles d'une petite cuillère.



[ ... ]

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Enfin trouvée ... Super paroles !

[ Trouves-tu que ça part en live ? Ou bien ça va encore ? ]

Je suis appuyé sur la balustrade du balcon, une fois n'est pas coutume, et je regarde la nuit, pour ne pas changer.

Vous allez penser que je n'ai pas d'imagination, que je radote, que je ne me renouvèle pas souvent, c'est peu être un peu vrai.
Mais j'aime cette posture du héros tourmenté qui, en observant les ténèbres, se rend compte de sa médiocrité dans un monde énorme, gigantesque, où un simple battement d'aile en Europe déclenche une tempête aux antipodes.
Relation de cause à effet.
Je sais toute fois que ma vie, insignifiante aux yeux du reste de l'humanité, n'intéresse sûrement personne, mais je vous rappelle, que si je vous gène, la porte de sortie reste toujours ouverte en cas d'incendie. Règle élémentaire pour posséder un restaurent.

Mon voisin, un fumeur, tire sur sa clope d'un air serein, concentré et absorbé. Il remarque que je l'observe et me propose une taffe. Trop fatigué pour refuser, je choisis la facilité, accepter, se rendre. J'ai envie de partagé son sentiment de sérénité.
Je porte le bout de merde qui tue la santé de milliers de gens sur Terre à ma bouche, mais avant de tirer dessus, je me rends compte que ce que je fais, et bien, comment dire, c'est super stupide. Je regarde la cigarette, l'observe, l'examine, la scrute, et la jette par le balcon en souhaitant une bonne soirée à mon voisin.

Je rentre dans la salle, et m'assis à la table, désertée par les deux danseurs.
Marina est restée seule et à l'air de s'amuser comme une petite folle à triturer les repose-fourchettes.

- Une danse ? proposé-je.
- Et pourquoi est-ce que je danserai avec vous ? A part pour rendre votre copine jalouse ?
- Primo, c'est ma femme. Et deuxio, je n'aime pas voir une femme désœuvrée ou triste.

Elle ouvre la bouche, me fixe et objecte :
- Mais je... je ne sais pas danser !
- Comment une fille comme vous ? Ne vous inquiétez pas, tout est dans le partenaire.
- Et vous dansez bien ?
- Absolument pas, je danse comme un pied. A ce propos, faites gaffe aux vôtres, ils risquent de subie quelques dégâts au passage.
Elle me sourit et accepte la main que je lui tend.

Je l'emmène sur la piste de danse et je la serre dans mes bras, pour entamer un slow calme et doux. Comment danser autre chose sur Can you feel the love tonight ? de Eton John ? J'observe du coin de l'oeil Nola qui a passé ses bras autour du cou de l'autre au nom bizarre que j'ai oublié. Elle fait attention à garder une distance raisonnable tout en étant assez proche pour danser correctement, sans avoir l'air d'un piquet comme son formidable mari.

- Vous savez, j'ai toujours voulu savoir comment on devient actrice.
- Oh voyez-vous, il suffit d'avoir un décolleté plongeant et une mini-jupe en résille.
- Rien de plus ?
- Si on sait faire des vrais baisers de cinéma, ça aide aussi.
- Des baisers de cinéma ? Je peux avoir un exemple ? Je ne vois pas de quoi vous parlez.
Marina s'est cabrée légèrement en explosant de rire.
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, me lance-t-elle d'un sourire trop blanc.

Elle m'abandonne et marche d'un pas dansant vers, zut, j'ai vraiment oublié son nom, Isio ? Comme Isio 4 ? Isai ? Idao ? Pff je sais plus. La flemme de changer de page.

Elle marche donc vers son mec et lui extrait Nola des bras. Elle se jette alors sur lui et l'embrasse à pleine bouche. Telle une sangsue, elle ne le lâche plus et Nola, hilare, me rejoins et passe ses bras autour de ma taille.
- Tricheur, la chanson était presque finie.
- Justement, j'ai toujours voulu danser sur du Elton John avec toi.

La musique finit effectivement juste après trois pas que nous effectuons rapidement et la trompette de Louis Armstrong envahit les hauts-parleurs.

Je retiens Nola qui veut se rassoir et la fait tourner en chantant :
- I see trees of green...

- Je hais cette chanson, soupire-t-elle.
- J'adore cette chanson, murmuré-je.

Elle me souris et blottit son nez dans mon cou.

Et l'autre est toujours en train de se faire dévoré le visage par Marina.



[ Tu remarque la différence ? T'en penses quoi ? ]

[ Et on va proposer le break qui conduit inévitablement à la rupture ?
Perso, ça va passer. Enfin j'espère ... ]

FREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEDOM !

*ENNJJOOOOOOOOOOOOOOOOOOOYYYYYY !



Je posai ma main dans son cou et lui chantai :
- Vers l'infini et l'au-delà !
- Je veux bien visiter l'infini, mais pas l'au-delà, je suis trop jeune pour mourir.
- Dans ce cas... soupirai-je en reprenant ma main. Ce que j'ai à te montrer n'est pas pour les âmes sensibles.
- Je ne suis pas sensible.
- Ah oui ?
- Je n'ai pas pleuré en regardant ni Star Wars, ni Titanic.
- Menteuse ! On dirait une fontaine lorsque Jack se noit !
- Peut-être mais moi je ne me cache pas sous un oreiller devant Saw !
- J'aime pas les films d'horreur ! C'est tout !
- Tant mieux, je ne suis pas un film d'horreur... sussura-t-elle en empoignant mon col.


Nous étions rhabiller et nous étions sortis de l'habitacle pour nous asseoir côté à côte dans l'herbe humide, adossés à la portière.
- Jusqu'à hier, j'ai toujours trouvé bizarre l'idée de le faire dans une voiture.
- Tu te rappelle de la première fois ?
- Évidement, c'te question !
- Tout était si différent.
- Les temps changent.
- Les gens aussi.
- Mais tout reste toujours pareil.
- Ouuuuh, j'dirai pas ça ! Il y a pas deux instants pareils.
- Sûr. Surtout à tes côtés...
- Pourquoi ?
- J'sais pas. J'sais pas comment expliquer, mais c'est comme ça. C'est strange.
- Toi aussi t'es strange.
- Je prends ça comme un compliment.
- C'en était un.
- ..., souris-je.


- On devrait peut-être rentrer.
- On devrait. Mais je suis trop bien ici...
- C'est réciproque.
- J'espère bien !


- La nuit est belle.
- Toi aussi, t'es belle.
- Et toi t'es con !
- Non, amoureux.
- C'est ce que j'ai dit non ?


- Et c'est par où maintenant ?
Regarda sur la carte.
- On est où là ?
- A toi de me le dire...
Tourna la carte dans l'autre sens.
- Euh...
Je m'arrêtai, la regardai, soupirai :
- Merde...
- Tu l'a dis bouffi !
- Y'a pas de panneau dans ce pays ?
- Non. Et il y a pas d'habitants non plus.
- Enjoy.
- As usally, my dear.

- On a qu'à attendre que le jour se lève.
- Je vais appeler mes parents pour les prévenir qu'on cherche Milo seulement demain, alors.

Pas de réseau.

- On fait quoi, alors ?
- Prends-moi dans tes bras.

- Et les vacances aux Caraïbes ?
- Je t'ai fait part de toutes les modalités. Et il n'y a pas de clauses en caractère moins trois.

- C'est quoi le programme de demain ?
- Tu peux pas la fermer deux minutes ?

- Pourquoi ? Tu as l'intention de dormir ?
- J'avais. Et toi, quelles sont tes intentions ?
- Rien de très catholique ...
- Si tu continues comme ça, tu vas finir excommunié.
- Mon Dieu ...

- J'arrive pas à dormir.
- Compte les moutons, marmonnai-je.
- Y a un loup qui vient toujours les bouffer.
- Ben merde alors ...

Il remit le contact.
- On va où ?
- Dans les étoiles.
- Ouais, ben tu me réveilleras quand on y sera.

[ KO ]

[ Moi aussi >< ]